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Cavernes & Soleils, concertino pour mezzo-soprano & orchestre de chambre sur trois poèmes dAndrée Chedid

I : Cavernes & Soleils (ca 10')

II : Visage I (ca 5')

III : Visage II (ca 10')

Commande de l’Ensemble intercontemporain

Musique d'Eric Montalbetti composée en 2021 © éditions Allegretto, 2022

Texte d'Andrée Chedid. Les trois poèmes «Cavernes & Soleils», «Visage I» et «Visage II» sont extraits du recueil «Cavernes & Soleils» © éditions Flammarion, 1979

Dédicaces : 1er mouvement : à l'Espérance / 2ème mouvement : in memoriam Pierre Boulez / 3ème mouvement : à Andrée Chedid et tous les siens

Effectif : voix soliste (mezzo-soprano)

2 flûtes (1 en Ut et piccolo, 2 en Sol et flûte-basse)

1 hautbois

1 cor anglais

2 clarinettes (1 en Si b, 2 en Si b et clarinette-basse)

2 bassons (le 2ème jouant aussi contrebasson)

2 cors en fa (aigu et grave)

1 trompette en Ut

1 Bugle (en si bémol)

1 trombone

2 percussionnistes

1 harpe

1 piano jouant célesta

Cordes : minimum 3 Violons - 2 Altos - 1 Violoncelle - 1 Contrebasse

ou jusqu’à 12 violons (4/4/4), 6 altos (3/3), 4 violoncelles et 3 contrebasses

Durée : 25 minutes environ

Création le 11 mai 2022 à la Cité de la musique / Philharmonie de Paris par Christina Daletska (remplaçant Marianne Crebassa, souffrante) et l’Ensemble intercontemporain dirigé par Matthias Pintscher, concert diffusé en direct sur France Musique.

Partition : publiée aux Editions Allegretto en accord avec les éditions Flammarion et avec le soutien du CNM (Centre National de la Musique) et disponible en location

Enregistrement de la création disponible sur le site de France Musique (l’oeuvre débutant à 1h 04’ 20’’):

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/le-concert-de-20h/concert-nouveau-souffle-avec-l-ensemble-intercontemporain-dirige-par-matthias-pintscher-9078610?fbclid=IwAR3vnOzNsGCddCjhpg4ginjE9Sg3f7iVEuOUeKrad5eELZwSB97u-3RiRSo

Présentation de l’oeuvre sur le site de lEnsemble intercontemporain (entretien avec Michèle Tosi):

https://www.ensembleintercontemporain.com/fr/2022/05/andree-chedid-nous-invite-a-lesperance-entretien-avec-eric-montalbetti-compositeur/

« Cavernes & Soleils » est un recueil de poèmes d’Andrée Chedid paru chez Flammarion à la fin des années 1970.

Comme l’écrit l’auteur en exergue du recueil : « Ces textes tentent d’explorer des bribes de notre terre commune ; à travers cavernes et soleils, dégradation et renouveau. Ils sombrent ou s’élancent, actionnés par un rythme, propulsés par leur propre mouvement ; avant d’être décantés et remis en question par un regard plus serré. Pas de terme au mystère des choses naturelles : l’ailleurs est ici. Pas de point final à nos déroutes. Ni à l’émerveillement ! ».

Ces poèmes expriment, comme peu y parviennent, toute la complexité et la richesse de l’être, que ce soit dans ses hauts ou ses bas. 

Dans une belle émission de Laure Adler, Andrée Chedid a confié que par l’écriture, elle ne cessait de s’interroger sur « ce qui est l’homme », parlant de sa « fascination pour le visage humain, toujours composé de la même manière mais qui prend toutes les formes, toutes les possibilités, cette richesse ! » : c’est bien l’objet des magnifiques poèmes « Visage I » et « Visage II » que j’ai choisis pour composer le cœur et le troisième volet du triptyque.

Andrée Chedid explique aussi comment son œuvre s’est construite, à travers la récurrence de certains thèmes, avec le désir de réconcilier les contraires : « les contraires qui tentent de s’épouser », « toutes ces oppositions qui doivent s’allier pour que nous existions, pour nous aider à traverser (la vie) ». C’est le thème principal du poème « Cavernes & Soleils » qui donne son titre au recueil et qui ouvre l’ensemble.

 

Je voudrais remercier ici les éditions Flammarion et les ayants-droits d’Andrée Chedid qui m’ont donné leur accord pour mettre ces magnifiques poèmes en musique. 

Si j’ai composé un certain nombre de mélodies dans ma jeunesse sur quelques poèmes de Verlaine, Mallarmé, Char et quelques autres, ou un plus récent Hommage à Matisse pour clarinette & voix de femme et quelques pièces de musique sacrée avec voix (l’une de mes premières partitions avec orchestre, à 17 ans, était un Requiem, suivi de quelques pièces chorales comme Inviolata pour chœur a capella et Psalterium pour chœur & violoncelle solo), je n’avais pas encore composé un cycle pour voix & orchestre ou ensemble. 

C’est après la composition du concerto pour flûte & orchestre Memento vivere créé en 2019 par Emmanuel Pahud, que j’ai eu l’envie d’écrire une pièce associant la voix et l’orchestre dans un même souffle, se nourrissant l’un l’autre.

Les poèmes d’Andrée Chedid passent par mille climats différents, et en même temps les rassemblent et les réconcilient, ouvrant sur une perspective profondément lumineuse, parce que riche des épreuves et des doutes tout autant que des moments de grâce, d’émerveillement et d’affection. Ils offrent comme une forme de résolution aux harmonies complexes de nos vies, une réponse à la quête de sens qui nous anime, suivant un thème qui m’est cher et qui nourrissait déjà par exemple mon quatuor à cordes Harmonieuses Dissonances. 

Dans ces poèmes, je perçois aussi comme une transcendance sous-jacente, présente sans avoir besoin de l’énoncer excessivement. Peut-être Andrée Chedid se disait-elle pleine de doutes, mais sa foi en l’homme et en l’amour, dans la nature et l’univers, bref dans cette force de vie aussi inexplicable qu’irrésistible et qui nous anime, est si porteuse d’espérance qu’on peut aussi bien la lire comme une prière d’action de grâce, que comme une méditation philosophique profondément humaniste. 

En ce sens, sa poésie, dont les sources, ne l’oublions pas, viennent autant du Moyen-Orient que de l’Europe, ne serait-ce que par son histoire personnelle de l’Égypte et du Liban à sa terre et sa langue d’élection, m’apparait aussi avec une urgence de plus en plus grande comme un lieu de réconciliation possible entre athées et croyants, dans une même foi dans le miracle de la vie.

 

Sur le plan stylistique, ma musique tente aussi depuis près de 30 ans de trouver comme une forme de réconciliation entre l’héritage sériel et la modalité dans ce que nous en connaissons, de l’École de Notre-Dame et l’Ars Subtilior au dernier Fauré, Debussy, Messiaen, Ligeti ou la musique spectrale, et dont les héritages multiples ont nourri mon oreille intérieure depuis l’enfance, comme la plupart des compositeurs de ma génération. 

J’ai tenté de réaliser cette réconciliation à travers un système de modes et d’échelles harmoniques dont les relations m’apparaissent aujourd’hui avec cohérence, tout en conservant l’usage de certaines techniques issues moins du contrepoint classique que des techniques sérielles, employées non pas comme système général mais pour des « stratégies locales » qui m’apparaissent toujours aptes à organiser le matériau ou à gouverner certaines progressions. 

En ce sens, ma musique est peut-être plus véritablement post-moderne que celle de compositeurs concevant la postmodernité comme un « retour à » : elle s’inscrit dans la tradition de tous les héritages qui nous constituent, mais sans perdre de vue l’idéal d’un dépassement pour trouver son propre style, sa propre voie/voix.

Si j’ai sous-titré la pièce « concertino pour mezzo-soprano & orchestre de chambre », c’est simplement parce qu’il m’a semblé qu’il s’agissait moins d’un ensemble de mélodies que d’un triptyque pour voix & orchestre. J’ai préféré ce sous-titre à celui de symphonie vocale - que j’aurais pu aussi utiliser s’il n’avait pas une connotation trop mahlerienne, l’esprit de cette musique en étant très éloigné.

Chacune des trois pièces peut naturellement être interprétée séparément, tout particulièrement le premier poème qui donne son titre à l'ensemble du cycle, Cavernes & Soleils, d'une dizaine de minutes.

Partition Cavernes & Soleils.jpeg
photo ©Helene Migeon-Albouse 11 mai 2022.jpeg
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